LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES REPRÉSENTENT AU MOINS 15 % DE LA CONSOMMATION TOTALE DE COMBUSTIBLES FOSSILES DANS LE MONDE

En cas de dépassement du seuil des 1,5 °C (2,7 °F), tous les impacts climatiques s’exacerberont – des inondations aux sécheresses en passant par les vagues de chaleur, les pertes de récoltes et la pénurie alimentaire, l’extinction des espèces et l’élévation du niveau de la mer – et auront des effets dramatiques sur la santé et le bien-être des populations.

Chaque fraction de degré compte. Pourtant, les politiques alimentaires et énergétiques actuelles nous entraînent vers une hausse de 2,7 °C (4,7 °F) d’ici la fin du siècle. L’utilisation de combustibles fossiles est de loin le premier facteur du changement climatique. Cette utilisation doit être radicalement réduite dès maintenant et abandonnée presque complètement d’ici à 2050 pour atteindre la neutralité carbone et éviter un changement climatique catastrophique.

Les données scientifiques et économiques sont claires, mais nous sommes face à un manque de volonté politique. Nos économies et sociétés modernes reposent encore largement sur les combustibles fossiles, et un lobby industriel fort, puissant et efficace s’efforce de retarder toute action visant à mettre fin à cette situation. Les pays dont les économies dégagent d’importants revenus de la production de combustibles fossiles sont souvent plus réticents que les autres à appliquer les politiques nécessaires.

Food production, processing, transport and storage account for at least 15%* of global fossil fuels used annually. *4.6 Gigatonnes co2 equivalent.
That's the same amount of emissions as all EU countries and Russia combined.

LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES, L’ÉNERGIE ET LE CLIMAT SONT INTERCONNECTÉS

L’Alliance mondiale pour l’avenir de l’alimentation a déjà mis en évidence le lien entre les systèmes alimentaires et le changement climatique. Les systèmes alimentaires contribuent au changement climatique et en subissent lourdement les effets. Ils représentent plus d’un tiers du total des émissions de gaz à effet de serre (GES). Notre rapport 2022, qui analyse les engagements climatiques des pays, montre en quoi les systèmes alimentaires non seulement contribuent au changement climatique et en subissent lourdement les effets, mais constituent également un élément clé des solutions à mettre en œuvre de toute urgence pour maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 1,5 °C (2,7 °F).

Les systèmes alimentaires contribuant à un tiers de l’ensemble des émissions à l’origine de la crise climatique, nous soulignons que changer la façon de produire et de consommer les denrées alimentaires pourrait réduire les émissions mondiales de GES d’au moins 10,3 gigatonnes par an, soit 20 % de la réduction nécessaire d’ici à 2050 pour rester sous la barre des 1,5 °C (2,7 °F). 

Ce rapport s’inscrit dans le prolongement de cette analyse pour montrer comment la dépendance des systèmes alimentaires vis-à-vis des combustibles fossiles requiert une approche collaborative et réfléchie des secteurs de l’énergie et de l’alimentation.

Les Émirats arabes unis (EAU), qui accueilleront la 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), ont déclaré qu’ils mettraient l’accent sur la production agroalimentaire durable lors de la réunion au mois de décembre. Cette initiative est appréciable, mais toute action portant sur l’alimentation doit être explicitement liée aux efforts visant à abandonner la production de combustibles fossiles. Face aux derniers chiffres des Nations Unies signalant qu’environ 735 millions de personnes dans le monde souffrent encore de la faim, et que 3,1 milliards n’ont pas les moyens ou n’ont pas accès à une alimentation saine, le besoin de réformer les systèmes alimentaires pour renforcer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition, préserver la nature et stopper le changement climatique n’a jamais été aussi évident.

Les systèmes alimentaires ne peuvent être transformés sans résoudre le problème de la consommation de combustibles fossiles, tout comme il sera impossible de sortir des combustibles fossiles et de stopper le changement climatique catastrophique sans transformer les systèmes alimentaires.

L’INTERDÉPENDANCE DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES ET ÉNERGÉTIQUES

Les systèmes alimentaires industriels sont interconnectés avec l’industrie des combustibles fossiles. Ils sont hautement énergivores et dépendent des combustibles fossiles tout au long de la chaîne de valeur. Nous avons calculé que les systèmes alimentaires représentent actuellement au moins 15 % de la consommation annuelle mondiale de combustibles fossiles, soit autant d’émissions que l’ensemble des pays de l’UE et la Russie réunis. 

Étant donné que la production et la transformation alimentaires continuent de stimuler la demande d’aliments énergivores et ultratransformés, l’utilisation des combustibles fossiles augmentera encore si nous ne transformons pas radicalement les systèmes alimentaires pour rompre le lien entre l’alimentation et les combustibles fossiles.

Les dangers de cette dépendance ont été mis en évidence en 2022 et 2023, la guerre en Ukraine ayant un impact direct et indirect sur l’approvisionnement et les prix des denrées alimentaires : direct, parce que l’Ukraine et la Russie ont exporté moins de céréales, d’huile alimentaire et d’engrais, et indirect, en raison de l’augmentation du prix du pétrole qui touche le transport, et le coût des engrais en particulier. Réduire cette dépendance aux exportations centralisées de produits de base à forte consommation d’énergie et de combustibles fossiles permettrait donc de renforcer la sécurité alimentaire mondiale.

Pour Eva, agricultrice au Ghana, le prix de l’engrais a augmenté de 300 % depuis 2022, notamment en raison des pénuries et des hausses de prix engendrées par la guerre en Ukraine ainsi que de l’exploitation de la crise de la part du secteur des engrais pour augmenter les prix aux clients. Elle épand à présent des effluents organiques et du compost produits localement sur son champ. 

Pour Eva, agricultrice au Ghana, le prix de l’engrais a augmenté de 300 % depuis 2022, notamment en raison des pénuries et des hausses de prix engendrées par la guerre en Ukraine ainsi que de l’exploitation de la crise de la part du secteur des engrais pour augmenter les prix aux clients. Elle épand à présent des effluents organiques et du compost produits localement sur son champ. 

Les combustibles fossiles jouent un rôle majeur dans la production de denrées alimentaires aux quatre étapes de la chaîne de valeur :

  1. production d’intrants ;
  2. utilisation des terres et production agricole ;
  3. transformation et emballage ;
  4. vente au détail, consommation et gaspillage.

L’énergie est utilisée pour la production et l’emballage des denrées, l’alimentation des machines et des équipements, le ravitaillement des systèmes de transport, ainsi que le stockage et la cuisson.

La grande majorité de la consommation de combustibles fossiles a lieu aux étapes de la transformation et de l’emballage, puis de la vente au détail, de la consommation et du gaspillage. 

L’intensité énergétique des systèmes alimentaires augmente également à cause de la mécanisation accrue, de l’utilisation renforcée d’intrants à base de combustibles fossiles, de la mondialisation des filières, de la demande croissante de viande et de produits laitiers, et, dans une certaine mesure, des nouvelles tendances alimentaires telles que les produits ultratransformés et les substituts de viande. La production alimentaire doit être dissociée de l’utilisation de combustibles fossiles si nous souhaitons stopper ce changement climatique catastrophique.

Energy is used throughout food systems. Processing and Packaging: 42%. Retail, consumption and water: 38%. Land use and agricultural production: 15%. Input production: 5%.
An icon representing 'Input Production' with words coming off of it that say; producing pesticides, manufactoring fertilisers, plastics, animal feed, equipment, vaccines and farm machinary.
An icon representing 'Land use and agricultural production' with words coming off of it that say; fertiliser distribution systems, power machinery and equipment, ventilation, greenhouse heating, feed production, drying harvest and animal housing.
An icon representing 'Processing and packaging' with words coming off of it that say; warehousing, plastic production, transport, refrigeration and processing of ultra processed foods.
An icon representing 'Retail, consumption and waste' with words coming off of it that say; embedded plastics, food transport, cooking and food waste.
Energy is used throughout food systems. Processing and Packaging: 42%. Retail, consumption and water: 38%. Land use and agricultural production: 15%. Input production: 5%.
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An icon representing 'Land use and agricultural production' with words coming off of it that say; fertiliser distribution systems, power machinery and equipment, ventilation, greenhouse heating, feed production, drying harvest and animal housing.
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PRODUCTION D’INTRANTS

5 % de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

La fabrication d’engrais constitue l’activité la plus énergivore et dépendante des combustibles fossiles. L’engrais le plus courant, l’azote synthétique, nécessite un processus extrêmement énergivore qui implique des températures et des pressions élevées. Par exemple, selon le CIEL, la production d’ammoniac (NH3), qui constitue la base des engrais azotés, émet environ 450 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an, soit l’équivalent des émissions totales du système énergétique de l’Afrique du Sud. La FAO estime que l’utilisation d’engrais azotés pourrait augmenter de 50 % d’ici à 2050. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit également une augmentation de la production d’ammoniac de près de 40 % d’ici à 2050, selon les tendances économiques actuelles, avec plus de la moitié de la consommation de gaz naturel destinée à la production d’hydrogène, le composant majeur de l’ammoniac.

Les parties prenantes à cette étape tirent les plus grands profits tout en évitant les conséquences négatives immédiates que ressentent les autres parties prenantes en aval de la chaîne de valeur.

UTILISATION DES TERRES ET PRODUCTION AGRICOLE

15%* de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

Les communautés et les petites exploitations subissent disproportionnellement le poids des impacts climatiques, des pratiques extractives de l’utilisation des terres et de l’utilisation non durable des ressources, tandis que la plupart des profits de la chaîne de valeur reviennent aux fabricants d’intrants, aux distributeurs ainsi qu’aux grandes exploitations et aux négociants.

*Bien que l’étape d’utilisation des terres et de production agricole ne représente qu’environ 15 % de la consommation énergétique dans cette chaîne de valeur, elle est toutefois responsable de 55 à 65 % des émissions totales des systèmes alimentaires qui proviennent des émissions liées à l’utilisation des terres (28 %) (p. ex. changement d’affectation des terres, sols organiques cultivés, embrasement de la savane) ainsi qu’à l’élevage et à la pêche (36 %) (p. ex. méthane généré par la digestion du bétail, effluents, gestion des pâtures et consommation de carburant pour la pêche).

TRANSFORMATION ET EMBALLAGE

42% de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

Cette étape consomme beaucoup d’énergie, car elle s’appuie sur des équipements, des systèmes de réfrigération, des emballages et des moyens de transport hautement énergivores pour garantir une conservation adaptée des denrées de la ferme à l’assiette. 

L’intensité énergétique à cette étape augmente, car les chaînes d’approvisionnement s’étendent, ce qui nécessite une utilisation accrue d’emballages et des exigences plus strictes en matière de transformation.

VENTE AU DÉTAIL, CONSOMMATION ET GASPILLAGE

38% de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

Environ un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde est perdu ou gaspillé. Dans les pays à revenu élevé, la vente au détail est particulièrement énergivore en raison d’une plus grande consommation d’aliments transformés et des exigences de réfrigération associées.

La distance parcourue par les denrées alimentaires a augmenté d’un quart au cours des deux dernières décennies, ce qui accroît les émissions. Toutefois, le taux d’émissions liées à l’électrification pourrait diminuer, notamment dans les pays développés.

L’ÉNERGIE EST UTILISÉE À TOUTES LES ÉTAPES DES SYSTÈMES ALIMENTAIRES

Input production: 5%. Land use and agriculture: 15%. Retail, consumption and waste: 38%. Processing and packaging: 42%

PRODUCTION D’INTRANTS

Examples: Plastics, Animal feed, Equipment, Vaccines, Farm machinery, Producing pesticides and Manufactoring fertilizers.

5% de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

La fabrication d’engrais constitue l’activité la plus énergivore et dépendante des combustibles fossiles. L’engrais le plus courant, l’azote synthétique, nécessite un processus extrêmement énergivore qui implique des températures et des pressions élevées. Par exemple, selon le CIEL, la production d’ammoniac (NH3), qui constitue la base des engrais azotés, émet environ 450 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) par an, soit l’équivalent des émissions totales du système énergétique de l’Afrique du Sud. La FAO estime que l’utilisation d’engrais azotés pourrait augmenter de 50 % d’ici à 2050. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit également une augmentation de la production d’ammoniac de près de 40 % d’ici à 2050, selon les tendances économiques actuelles, avec plus de la moitié de la consommation de gaz naturel destinée à la production d’hydrogène, le composant majeur de l’ammoniac.

Les parties prenantes à cette étape tirent les plus grands profits tout en évitant les conséquences négatives immédiates que ressentent les autres parties prenantes en aval de la chaîne de valeur.

UTILISATION DES TERRES ET PRODUCTION AGRICOLE

Examples: Ventiliation, Power machinery and equipment, Fertiliser distribution systems, drying harvest, animal housing, greenhouse heating and feed production.

15%* de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

Les communautés et les petites exploitations subissent disproportionnellement le poids des impacts climatiques, des pratiques extractives de l’utilisation des terres et de l’utilisation non durable des ressources, tandis que la plupart des profits de la chaîne de valeur reviennent aux fabricants d’intrants, aux distributeurs ainsi qu’aux grandes exploitations et aux négociants.

*Bien que l’étape d’utilisation des terres et de production agricole ne représente qu’environ 15 % de la consommation énergétique dans cette chaîne de valeur, elle est toutefois responsable de 55 à 65 % des émissions totales des systèmes alimentaires, qui proviennent des émissions liées à l’utilisation des terres (28 %) (p. ex. changement d’affectation des terres, sols organiques cultivés, embrasement de la savane) ainsi qu’à l’élevage et à la pêche (36 %) (p. ex. méthane généré par la digestion du bétail, effluents, gestion des pâtures et consommation de carburant pour la pêche).

TRANSFORMATION ET EMBALLAGE

Examples: Plastic production, warehousing, transport, processing of ultra processed foods and refridgeration.

42% de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

Cette étape consomme beaucoup d’énergie, car elle s’appuie sur des équipements, des systèmes de réfrigération, des emballages et des moyens de transport hautement énergivores pour garantir une conservation adaptée des denrées de la ferme à l’assiette. 

L’intensité énergétique à cette étape augmente, car les chaînes d’approvisionnement s’étendent, ce qui nécessite une utilisation accrue d’emballages et des exigences plus strictes en matière de transformation.

VENTE AU DÉTAIL, CONSOMMATION ET GASPILLAGE

Examples: Food transport, embedded plastics, cooking and food waste.

38% de la consommation mondiale d’énergie dans la chaîne de valeur alimentaire.

Environ un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde est perdu ou gaspillé. Dans les pays à revenu élevé, la vente au détail est particulièrement énergivore en raison d’une plus grande consommation d’aliments transformés et des exigences de réfrigération associées.

La distance parcourue par les denrées alimentaires a augmenté d’un quart au cours des deux dernières décennies, ce qui accroît les émissions. Toutefois, le taux d’émissions liées à l’électrification pourrait diminuer, notamment dans les pays développés.

LES TENDANCES ALIMENTAIRES ENTRAÎNENT UNE UTILISATION ACCRUE D’ÉNERGIE

Nos calculs basés sur deux études ont permis de constater que la production de yaourt ultratransformé est dix fois plus énergivore que le lait frais.

Nos calculs basés sur deux études ont permis de constater que la production de yaourt ultratransformé est dix fois plus énergivore que le lait frais.

Les produits ultratransformés tels que les snacks, les boissons et les plats préparés sont omniprésents dans les pays à revenu élevé, et leur consommation se propage également rapidement dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Actuellement, une large part des besoins énergétiques pour ces aliments transformés provient des combustibles fossiles (même si à l’avenir, cette énergie pourrait provenir de sources renouvelables, car les énergies renouvelables deviennent de plus en plus rentables). Sur la base de deux études 12, la recherche a permis de découvrir que la production du yaourt à la fraise est de deux à dix fois plus énergivores que celui du lait non transformé, et la hausse de leur consommation implique une augmentation de l’utilisation des combustibles fossiles au fil du temps.

Par exemple, les produits laitiers ultratransformés sont dix fois plus énergivores que le lait frais*

De même, tandis que les partisans des viandes et protéines alternatives affirment que ces produits réduisent l’empreinte terrestre et eau par rapport à la production de viande à l’échelle industrielle, certains de ces substituts restent très énergivores. Une étude a montré que la viande cultivée en laboratoire requiert jusqu’à six fois plus d’énergie que le poulet et autres options moins transformées. Toutefois, les données sur l’empreinte carbone et l’impact du cycle de vie de la viande cultivée en laboratoire par rapport à la viande animale restent controversées.

Les protéines alternatives peuvent généralement améliorer les indicateurs de durabilité individuels par rapport à leurs équivalents produits industriellement, mais les données sur la viande cultivée en laboratoire restent limitées et spéculatives. Des questions sont également soulevées quant au potentiel impact de l’industrie des protéines alternatives sur la concentration accrue du pouvoir au sein des systèmes alimentaires, du fait des larges budgets de recherche et de développement requis pour produire ces protéines. L’industrialisation liée aux protéines alternatives pourrait miner la résilience et ainsi compromettre les moyens de subsistance de millions de producteurs et productrices alimentaires.

En outre, chaque kilogramme de viande cultivée en laboratoire est plus faible en protéines (10 à 25 %) que le poulet (31 %). Du point de vue nutritionnel, cela signifie que davantage de viande cultivée doit être produite et consommée pour obtenir les mêmes quantités de protéines, ce qui augmente l’intensité énergétique. Une compréhension globale des implications et des compromis liés aux viandes et protéines alternatives est importante pour en atténuer les conséquences non désirées.

Les protéines cultivées en laboratoire sont la forme de viandes et protéines alternatives qui consomme le plus d’énergie*

LES INTÉRÊTS PARTICULIERS EMPÊCHENT LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES DE SORTIR DES COMBUSTIBLES FOSSILES

Face au déclin de la demande de combustibles fossiles pour le transport, l’électricité et le chauffage, en raison de l’électrification et de mesures de réduction de la demande, les entreprises investissent lourdement dans la pétrochimie pour produire du plastique et des produits agrochimiques. Les produits agrochimiques, comme les engrais et les pesticides, ainsi que le plastique, y compris pour l’emballage, sont essentiels au maintien de certaines activités des systèmes alimentaires industriels, et l’industrie des combustibles fossiles mise sur leur croissance pour maintenir ses profits. 

Le marché croissant de la pétrochimie représentait 14 % de la production de pétrole en 2018 et 8 % de la production de gaz.

Le plastique alimentaire et les engrais représentent à eux seuls environ 40 % des produits pétrochimiques.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les produits pétrochimiques motiveront près de la moitié de la croissance de la demande pétrolière d’ici à 2050 et devanceront des secteurs comme l’aviation et le transport maritime, avec 40 % de cette demande provenant des plastiques alimentaires et des engrais.

Constatant ce potentiel, l’industrie des combustibles fossiles devait injecter plus de 164 milliards USD entre 2016 et 2023, rien qu’aux États-Unis, dans la construction de nouvelles infrastructures et l’expansion de projets existants dans l’industrie pétrochimique. 

De même, aux Émirats arabes unis, les grands producteurs ont annoncé des investissements à hauteur de 150 milliards USD sur les cinq prochaines années afin d’accélérer la production de pétrole et de gaz, dont une partie est destinée à répondre à la demande croissante de plastique.

Les principales compagnies pétrochimiques, plastiques et agrochimiques font souvent partie des mêmes structures corporatives.

De nombreux secteurs agroalimentaires sont dominés par quatre à six entreprises ayant un intérêt particulier à maintenir le statu quo en matière d’intrants et de marchés agricoles. Ces entreprises ont tout intérêt à promouvoir et à perpétuer les systèmes alimentaires industriels extractifs, qui dépendent des combustibles fossiles et des produits chimiques, et elles jouent un rôle politique prépondérant pour assurer leur influence.

LES SYSTÈMES ALIMENTAIRES SONT DES PRODUCTEURS D’ÉNERGIE, PAS SEULEMENT DES CONSOMMATEURS

Tout comme ils la consomment, les systèmes alimentaires produisent de l’énergie, sous forme de biocarburants (p. ex. maïs), de biomatériaux (p. ex. effluents issus de l’élevage, déchets alimentaires comestibles) et d’énergie au niveau de l’exploitation (p. ex. agrivoltaïque, petites centrales hydrauliques). 

Toutefois, cette production d’énergie peut parfois avoir des conséquences négatives. Certains projets d’énergie renouvelable peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement et les communautés locales, et la production de biocarburant peut accaparer les terres destinées à la production alimentaire.

Une étude menée par le département de l’Énergie des États-Unis a constaté que l’éthanol produit à partir du maïs est au moins 24 % plus intensif en carbone que l’essence, ce qui le rend pire que l’essence pour le climat.

Une étude menée par le département de l’Énergie des États-Unis a constaté que l’éthanol produit à partir du maïs est au moins 24 % plus intensif en carbone que l’essence, ce qui le rend pire que l’essence pour le climat.

Les politiques fiscales ont également façonné et encouragé la production de biocarburant, avec quelques conséquences néfastes lorsque les biocarburants sont produits à grande échelle. Les crédits d’impôt, les subventions et les prêts ont permis d’augmenter la production de matières premières destinées au biocarburant, comme le soja et le maïs. Les subventions pour la production de biocarburant stimulent aussi la croissance du secteur de l’élevage industriel, avec le développement de projets de transformation des effluents en énergie. Une étude a estimé que les politiques de l’Union européenne sur le biodiesel à partir d’huile de palme ont provoqué la perte d’une zone de forêt tropicale de la taille des Pays-Bas entre 2009 et 2019.

Les autres inconvénients potentiels de la croissance de l’industrie des biocarburants comprennent notamment des changements dans les modes d’utilisation des terres, qui augmentent les émissions de GES, une pression sur les ressources hydriques, la pollution de l’air et de l’eau ainsi que la hausse du coût des denrées alimentaires.

L’alimentation et l’énergie reposent fondamentalement sur les ressources naturelles du sol et de l’eau, ce qui requiert de vastes étendues de terre pour la culture ou les infrastructures ainsi que de l’eau pour l’irrigation, l’extraction par fracturation et la génération d’énergie. 

Les cultures absorbent également le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère et séquestrent ce carbone dans le sol, bien que le potentiel varie selon la culture et doive être étudié davantage.

Les terres agricoles sont donc de grands puits de carbone. Selon l’OCDE, la séquestration nette de carbone dans les sols agricoles pourrait compenser 4 % des émissions annuelles mondiales de GES induites par l’homme jusqu’à la fin du siècle et contribuer grandement à l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris. Cela ne signifie pas que l’agriculture deviendra une contrepartie de l’exploitation des combustibles fossiles. L’agriculture fait partie de la solution, mais ne remplace pas la nécessité de sortir des combustibles fossiles.

Cette interconnexion crée des interactions complexes, à la fois des compromis et des synergies. Par exemple, l’allocation de ressources non renouvelables comme la terre et l’eau à un secteur peut limiter leur disponibilité pour un autre. Toutefois, des synergies et des optimisations aux multiples avantages peuvent être trouvées en impliquant équitablement l’ensemble des parties prenantes, notamment celles étant les plus concernées par l’allocation des ressources et les décisions politiques. Cela s’avère essentiel pour avancer vers un futur durable, équitable et neutre en carbone.

DÉCLENCHER LA TRANSFORMATION

Une décarbonation urgente de nos systèmes alimentaires, en sortant rapidement des combustibles fossiles, est essentielle. Les interactions et les codépendances des systèmes alimentaires et énergétiques ne reçoivent pas l’attention nécessaire, pas plus que les potentiels dividendes de la collaboration, notamment en matière de changement climatique, de biodiversité, de pollution des sols et de l’eau, de moyens de subsistance, de sécurité alimentaire et énergétique et de nutrition. 

Pour saisir les multiples opportunités et éviter une crise plus grave que celle que le monde connaît actuellement, il convient d’identifier et de prioriser les actions qui contribueront à transformer à la fois le secteur de l’énergie et le secteur de l’alimentation, à renforcer la résilience, à minimiser la volatilité des prix, à consolider la sécurité alimentaire et la nutrition, à favoriser un environnement plus propre et plus sain ainsi qu’à améliorer la qualité de vie, tout en réduisant les émissions et en déclenchant la transition vers la neutralité carbone.

L’agriculture et les systèmes alimentaires ne doivent pas simplement réduire leur consommation de combustibles fossiles, ils doivent devenir moins énergivores en général.

La même transition doit avoir lieu dans tous les secteurs afin d’atteindre les objectifs de neutralité carbone. Il ne s’agit pas seulement de remplacer une forme d’énergie par une autre, mais de réduire l’utilisation générale d’énergie. 

Tout comme il est nécessaire de transformer radicalement les systèmes alimentaires industriels, les systèmes énergétiques reposant sur des énergies renouvelables plutôt que sur des énergies fossiles nécessitent également de profonds changements au niveau du réseau et de l’infrastructure de stockage afin d’intégrer les différentes caractéristiques des différentes sources d’énergie renouvelable, comme la disponibilité de l’énergie solaire, la vitesse du vent et la disponibilité de l’énergie hydroélectrique. La décarbonation des systèmes énergétiques requiert une réduction de la demande d’énergie ainsi qu’un changement sur le moment et la façon de l’utiliser. 

Parallèlement, les alternatives dites « vertes » ou les solutions techniques, comme l’hydrogène vert ou les cultures génétiquement modifiées, sont controversées : elles peuvent ancrer des pratiques négatives, telles que l’utilisation d’engrais synthétiques et la dépendance aux pesticides, ainsi qu’avoir un impact négatif sur la biodiversité et exacerber la concentration du pouvoir et des profits parmi un nombre limité de multinationales. L’hydrogène vert peut particulièrement jouer un rôle modeste, mais précieux, dans les secteurs difficiles tels que l’acier et les produits chimiques, bien que ces applications restent limitées et souvent exagérées. De nombreuses entreprises recherchent aussi de l’hydrogène vert pour décarboner leurs opérations pétrolières et gazières et ainsi renforcer leur longévité.

RECOMMANDATIONS POUR SORTIR NOS SYSTÈMES ALIMENTAIRES DES COMBUSTIBLES FOSSILES

Nos entretiens avec les principales parties prenantes nous ont permis d’identifier les opportunités « sans regret » et à fort impact en faveur d’une meilleure collaboration dans cette connexion entre l’alimentation et l’énergie.

ABANDON DES PRODUITS AGROCHIMIQUES À BASE DE COMBUSTIBLES FOSSILES ET ADOPTION D’APPROCHES RÉGÉNÉRATRICES ET AGROÉCOLOGIQUES :

La surutilisation généralisée des produits agrochimiques à base de combustibles fossiles et le manque d’intérêt porté à l’abandon de leur utilisation dans la production alimentaire appellent à une transition urgente vers des systèmes de production agroécologiques moins dépendants des intrants externes ainsi qu’au remplacement des besoins résiduels par des intrants respectueux de l’environnement, comme les biofertilisants, et des pratiques de gestion des nuisibles à l’échelle de l’exploitation. La transition vers des pratiques à faibles émissions de carbone, telles que l’agroécologie et les approches régénératrices, permettra de dissocier la production alimentaire des émissions de GES.

RÉVISION DES POLITIQUES FISCALES POUR CONTRER LES EXTERNALITÉS NÉGATIVES DE LA PRODUCTION D’ÉNERGIE :

Il est nécessaire de réviser les subventions à l’électricité pour la production de biogaz, qui encouragent involontairement la croissance du secteur de l’élevage industriel, ainsi que les crédits d’impôt, les subventions et les prêts visant à renforcer la production de matières premières destinées au biocarburant, comme le soja et le maïs.

TRANSITION VERS LE REFROIDISSEMENT ET LE CHAUFFAGE AUX ÉNERGIES RENOUVELABLES POUR LA TECHNOLOGIE DE SÉCHAGE :

Les technologies de refroidissement ou de chauffage basées sur des énergies renouvelables pour sécher les produits agricoles peuvent entraîner rapidement de multiples avantages connexes avec peu de ressources.

TRANSITION VERS L’ÉNERGIE RENOUVELABLE POUR LA TRANSFORMATION ET LE TRANSPORT DES ALIMENTS :

Travailler avec des entreprises de transformation alimentaire pour évaluer et minimiser l’utilisation d’énergie, et passer à des aliments peu transformés pour réduire les émissions ainsi que les implications environnementales associées et améliorer les résultats de santé. Certains conglomérats alimentaires comptent actuellement sur la décarbonation du réseau énergétique pour faciliter leur transition.

CRÉATION D’ENVIRONNEMENTS ALIMENTAIRES SAINS, DURABLES ET JUSTES EN FAVEUR DE RÉGIMES RICHES EN PLANTES ET D’ALIMENTS PEU TRANSFORMÉS :

En passant à des régimes alimentaires riches en plantes peu transformées, en particulier là où la consommation de viande et de graisse saturée est élevée ou augmente à des niveaux mettant en danger la santé humaine et/ou environnementale, il est possible de réduire l’intensité énergétique de nos systèmes alimentaires et les émissions de GES associées à l’alimentation de 49 % tout en générant d’importants bienfaits connexes pour la santé. De nombreux appels à l’action ont été lancés à cette fin, mais surtout par les consommateurs et consommatrices, et certaines ONG, même si certains pays, comme le Mexique ou le Danemark, ont formulé de nouvelles recommandations alimentaires qui mettent l’accent sur le besoin de réduire la consommation de viande bovine et de produits laitier. Une feuille de route complète est nécessaire pour créer un changement systémique dans différentes zones géographiques ayant des préférences alimentaires culturelles diverses ainsi que des problèmes de surconsommation et de sécurité alimentaire.

SUIVRE ET TRAITER LA CONSOLIDATION CORPORATIVE AU SEIN DES INDUSTRIES AGROCHIMIQUES ET ALIMENTAIRES TOUT EN SOUTENANT ACTIVEMENT UNE TRANSITION JUSTE GRÂCE À UNE GOUVERNANCE ET À UNE PRISE DE DÉCISION PLUS INCLUSIVES ET ÉQUITABLES :

La tendance étant à la consolidation de l’industrie de la transformation à travers les conglomérats alimentaires, ainsi que parmi les principales compagnies pétrochimiques, plastiques et agrochimiques, les gouvernements doivent traiter les impacts d’une telle consolidation. Ils doivent également favoriser de nouvelles formes de gouvernance participative et équitable pour contrer les intérêts particuliers à promouvoir et à perpétuer les systèmes alimentaires industriels extractifs, qui dépendent des combustibles fossiles et des produits chimiques, ainsi que les aliments ultratransformés.

PRENDRE DES MESURES

Les responsables politiques, le secteur privé, les organismes d’investissement, de don et de financement, la société civile et les universitaires ont tous un rôle à jouer dans la promotion d’une meilleure collaboration sur la connexion entre l’alimentation et l’énergie. Par exemple :

ORGANISATIONS PHILANTHROPIQUES ET DONATRICES
Organismes financeurs et initiateurs

Les organisations philanthropiques et donatrices peuvent amorcer des dialogues autour de l’alimentation et de l’énergie et financer les opportunités d’action qui en découlent, comme des initiatives et des campagnes de sensibilisation ainsi que des actions visant à faire entendre les communautés touchées.

Expertise :

  • Rassembler différentes parties prenantes
  • Financer de nouvelles initiatives

Outils :

  • Financement d’événements, de recherches, d’initiatives pilotes
  • Fortes connexions entre les secteurs et les parties prenantes
  • Dérisquage du processus de transition, soutien de l’action anticipée

Recommandations :

  • Réunir les parties prenantes
  • Financer la sensibilisation
  • Financer la sortie ambitieuse des combustibles fossiles

RESPONSABLES POLITIQUES ET SECTEUR PRIVE
Principaux responsables des décisions politiques, des investissements et des mises en œuvre

Les responsables politiques peuvent soutenir et promouvoir activement des environnements alimentaires sains, durables et justes qui encouragent la population à faire de meilleurs choix. Ils peuvent aussi soutenir des politiques visant à abandonner l’utilisation de combustibles fossiles inutiles au sein des systèmes alimentaires, comme le plastique à usage unique et les engrais, tout en veillant à ce que cet abandon progressif s’intègre dans une transition juste qui ne touche pas de manière disproportionnée les exploitations et les foyers à plus faible revenu. Le remplacement d’intrants par des solutions plus durables doit tenir compte des risques, tels que l’augmentation de la perte et du gaspillage alimentaires.

Les responsables politiques et les organismes d’investissement publics peuvent intervenir sur les externalités négatives de la production d’énergie en révisant les politiques, les législations et les réglementations existantes. Ils peuvent également financer la recherche et l’innovation sociale.

Expertise :

  • Équilibrer les priorités et les compromis des différents points de vue des parties prenantes

Outils :

  • Plateformes pour porter les messages auprès du public
  • Régimes d’imposition et de subvention incitatifs
  • Réglementations et législations pour assurer le respect des normes
  • Politiques et programmes pour soutenir la mise en œuvre

Recommandations :

  • Intervenir sur les externalités négatives existantes
  • Encourager la collaboration entre les ministères de l’Énergie et de l’Alimentation
  • Financer la recherche et l’innovation sociale

SOCIETE CIVILE ET EXPLOITATIONS
Corps enseignant et leaders

La société civile et les exploitations peuvent se centrer sur la sensibilisation à travers la recherche, la communication et le plaidoyer.

Expertise :

  • Identifier et soulever des problèmes à travers la recherche et le plaidoyer

Outils :

  • Organisation et développement indépendants
  • Accès et compréhension des personnes sur le terrain, dans les communautés marginalisées, etc.

Recommandations :

  • Encourager la prise de conscience
  • Sensibiliser les parties prenantes
  • Créer des alliances et recueillir des données de multiples parties prenantes

LES ENTREPRISES ET LES ORGANISMES D’INVESTISSEMENT DU SECTEUR PRIVE
Organismes d’investissement, d’innovation et de mise en œuvre

Les entreprises et les organismes d’investissement du secteur privé peuvent financer et développer des innovations visant à réduire l’intensité énergétique des systèmes et du transport alimentaires. Les organisations du secteur privé peuvent aussi soutenir et promouvoir activement des environnements alimentaires sains, durables et justes qui encouragent la population à faire de meilleurs choix.

Expertise :

  • Comprendre les exigences du marché et du public pour des solutions largement adoptées

Outils :

  • Capacité à promouvoir et à soutenir l’innovation
  • Large portée (grande base clientèle, public) pour tester et encourager l’adoption

Recommandations :

  • Investir dans la transition alimentaire durable
  • Piloter la mise en œuvre et le déploiement des solutions

UNIVERSITAIRES
Frontières de la connaissance

Les universitaires peuvent mener des recherches supplémentaires sur de nouveaux sujets et approches tels que l’utilisation d’énergie et les émissions dans le secteur de la pêche ainsi que la manière dont les infrastructures des combustibles fossiles peuvent être réaffectées. Les universitaires peuvent également analyser l’utilisation d’énergie dans la production animale intensive et la durabilité des sources de protéines alternatives.

Ce ne sont que quelques exemples d’une longue liste de sujets de recherche identifiés par les parties prenantes interrogées qui peuvent contribuer à renforcer la collaboration dans cette connexion entre l’alimentation et l’énergie.

Expertise :

  • Mener des recherches sur de nouveaux sujets et approches

Outils :

  • Données primaires et secondaires
  • Approches et collaborations interdisciplinaires
  • Plateformes de communication de la recherche

Recommandations :

  • Mener davantage de recherches
  • Piloter les nouvelles interventions

L’HEURE D’UN CHANGEMENT RADICAL POUR NOS SYSTÈMES ALIMENTAIRES ET ÉNERGÉTIQUES

En définitive, continuer le statu quo avec des changements progressifs ne sera pas suffisant pour atteindre les transitions radicales nécessaires des systèmes énergétiques et alimentaires afin d’éviter le changement climatique catastrophique et de mettre fin aux crises sanitaires et alimentaires. Même si tous les gouvernements tenaient leurs engagements climatiques à l’horizon 2030 (ou leurs contributions déterminées au niveau national), l’utilisation de combustibles fossiles dans notre système alimentaire exploserait toujours le budget carbone de 1,5 °C (2,7 °F) d’ici à 2037.

Il est nécessaire de changer drastiquement la façon dont la nourriture est produite et consommée ainsi que de sortir définitivement de la dépendance non durable aux combustibles fossiles. La transition vers des pratiques à faibles émissions de carbone, telles que l’agroécologie, les approches régénératives, les régimes alimentaires durables et les chaînes de valeur localisées, permettra de dissocier la production alimentaire des émissions de GES, mais aussi de dégager toute une série d’avantages pour la santé des personnes, leurs moyens de subsistance et l’environnement. Cela nécessite une collaboration et la volonté des parties prenantes de tous les secteurs de faire des compromis et de coopérer. 

À l’heure où les prix des combustibles fossiles et des denrées alimentaires s’envolent, où les divisions géopolitiques s’aggravent, où la crise climatique s’exacerbe, le besoin d’agir n’a jamais été aussi évident.

Document de réflexion : Pourquoi la collaboration entre les parties prenantes des systèmes alimentaires et énergétiques est essentielle à l’atteinte des 1,5 °C.

Nous avons écrit une publication complémentaire, « Vers une alimentation sans combustibles fossiles : pourquoi la collaboration entre les parties prenantes des systèmes alimentaires et énergétiques est essentielle », qui analyse les compromis, les synergies, les lacunes et les opportunités au sein de cette connexion entre l’alimentation et l’énergie. Le document de travail contient des recommandations ainsi que des opportunités à court terme pour améliorer la coordination et la collaboration entre les responsables politiques, les organismes de financement et les défenseurs qui opèrent dans cette connexion entre l’alimentation et l’énergie. L’accent est mis sur l’identification de mesures visant à réduire l’utilisation de combustibles fossiles au sein des systèmes alimentaires.

Ce document a pour but d’encourager l’échange, la collaboration et les objectifs communs au sein de cette connexion entre l’alimentation et l’énergie.

En savoir plus sur l’Alliance mondiale pour l’avenir de l’alimentation

La recherche et l’analyse qui étayent cette synthèse ont été commandées à Dalberg Advisors par l’Alliance mondiale pour l’avenir de l’alimentation. 
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